Le plus souvent dans un silence de campagne, les populations rurales vivent à juste titre un profond sentiment d’abandon. La tradition française du jacobinisme marquée par le centralisme de l’Etat, renforcée par la concentration des décideurs, privés et économiques, s’amplifie par la récente création des métropoles dans une démarche du « big is beautiful» en contradiction avec la nécessité de bâtir des territoires équilibrés qu’impose par les impératifs environnementaux. Pourtant dans le rural, que nous définissons comme tous les espaces hors des métropoles, des territoires innovent et proposent des modes de vies de progrès remettant en cause les déséquilibres actuels.
Le temps des propositions
D’emblée, abandonnons la nostalgie d’une ruralité d’hier sur les cartes postales de souvenirs trop idéalisés ! Ne nous raccrochons pas plus à une province rythmée du seul chant des oiseaux ou aux tentations de repli. Ne revenons pas plus aux heures de l’aménagement du territoire et des grands travaux à classer dans l’histoire éculée d’une fuite en avant matérielle. Regardons plutôt les projets économiques et sociaux portés et relayés par ces acteurs inscrits dans une dynamique sans précédent incarnée dans « la nouvelle bande » de Ruralisons, initiatrice du Parlement rural, lieu de débat mais surtout temps de propositions. Proposer, justement, plus que parlementer devient d’ailleurs leur objectif.
Dynamique sans précédent
Enchainons vite pour dessiner le futur espace rural. Certes, il existe une différence entre les zones rurales sous l’influence urbaine et l’hyper ruralité mais la convergence des projets constitue un terreau. Que des parlementaires et élus locaux aux origines diverses, acteurs économiques venus de l’hôtellerie-restauration, animateurs associatifs des territoires ou encore universitaires et chercheurs, hors de leurs intérêts particuliers, se mobilisent contre l’immobilisme, échafaude le grand projet des Nouvelles Ruralités. Loin de la demande de soins palliatifs, en commun, ils balaient le énième rapport ministériel, interpellent l’Etat et prennent la société à témoin. Tous rejettent les modèles uniques de développement venus d’en haut et souhaitent proposer leur expérience de terrain. Ils jettent les projecteurs sur les bistrots, lieux et liens sociaux renouvelés ou sur la dynamique issue des maisons familiales rurales, également sur des territoires zéro chômeur appréhendés comme le partage d’une vie nouvelle au delà de l’emploi. Les exemples se bousculent et démontrent que l’avenir, sans budget conséquent, juste avec des approches et des secteurs professionnels conçus et soutenus différemment, s’éclaire.
La grande force ce qui émerge ne réside-t-elle dans message simple et fort, celui de l’espoir ?
Jean- Yves Vif
Editorialiste, ancien rédacteur en chef de La Montagne Centre-France, Jean-Yves Vif, Professeur associé d’université et également directeur éditorial de l’Association nationale des Nouvelles Ruralités.